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Vive les beaux jours
16 juillet 2008

Sur la route, les champs, les bois | 15 juin 1940

Nous continuons notre marche dans la direction indiquée, mais vers 3 heures du matin à 1km du village, nous décidons de nous arrêter dans un bois pour passer la journée de façon à échapper à l'aviation. Nous avons faim mais hélas rien à manger. Au petit jour, alors que nous venions de dormir, grande surprise, nous entendons le crépitement des mitrailleuses allemandes dans le village. Nous sommes dans la mauvaise direction. Nous quittons notre emplacement pour revenir sur nos pas. Nous sentons plus notre faim ni la fatigue. Il faut échapper à l'ennemi. Nous causons avec des réfugiés. Ils nous donnent comme direction Méry-sur-Seine.

Bon, marchons sur Méry-sur-Seine à travers champs mais hélas, l'ennemi nous a vu. Les mitrailleuses nous tirent dessus. Par bonheur, personne n'est atteint. Vers 10 heures, nous arrivons à un petit village dont je ne me rappelle plus le nom. Nous rentrons dans la première ferme pour faire boire nos mulets et cela devait nous sauver la vie car, du convoi de réfugiés qui était devant nous, tous ont été tués. Quelle boucherie. Il fallait traverser un pont sur l'Aube. L'artillerie allemande avait braqué des pièces dessus. Au passage de ces pauvres gens, ils ont tiré. Mais pour nous, comment faire ? Avec nos voiturettes, j'ai compris : nous sommes pris. J'ose pas le dire à mes hommes car ils ont peur d'être prisonniers et d'être fusillés. Nous avons les Allemands de tous les côtés. Quoi faire ? Nous rendons la liberté à nos mulets, jetons nos mitrailleuses à l'eau et décidons de traverser la rivière mais hélas, à 15 mètres de large et profond, comment faire ? Personne ne sait nager. On hésite. L'arrivée d'une auto-mitrailleuse sème la panique : l'on se jette à l'eau. Nous traversons quand même mais trempés comme une soupe, nous abandonnons nos capotes. Nous restons avec notre pantalon, une chemise, un caleçon, nos chaussures : voilà notre tenue.

L'on se croit sauvé mais hélas les Allemands sont encore devant nous. Nous décidons de revenir sur nos pas mais cette fois, en traversant par surprise le pont où l'artillerie allemande tirait voilà 1 heure. Nous marchons pendant 1 km et voici le pont. On peut passer au pas de course. Nous voilà dans un champ de foin. Sauvés non, car au même instant arrive une dizaine de cavaliers allemands.

Cette fois, nous sommes prisonniers. Il est 11 heures. Nous sommes fouillés. Il ne nous reste plus rien. Nous sommes conduits à Plancy-sur-Aube. Nous avons encore pas mangé le soir. On marche en direction de Champfleury où nous couchons après avoir reçu un morceau de pain sec allemand.

captivit_2
EN MARCHE VERS LA CAPTIVITÉ - Près de 2 millions de prisonniers : la bataille de France (ici dans la région de Sedan) débouche sur un désastre pour nos armes. Débordés, démoralisés par les rumeurs de trahison, persuadés qu’ils seront bientôt de retour chez eux, beaucoup d’hommes ont levé les bras. Faute d’effectifs disponibles, le vainqueur a bien du mal à « gérer » cette masse de captifs qui, la mine basse, traînent leurs bandes molletières le long des routes. Mais d’autres soldats français vont combattre jusqu’au bout en héros.

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